petite fille parlant à sa mère

Faut-il croire les récits des enfants sur ce qu’ils mangent à la cantine ?

Publié le : 14/04/23
Temps de lecture : 4 min
  • Entre le menu affiché sur les grilles de l’école et ce que relatent vos enfants, se dessine un monde plein d’inconnues. Que retrouve-t-on vraiment dans les assiettes de vos enfants ? Comment comprendre ce qu’ils racontent ? Décryptage sur les réalités dans les cantines de France.

    « Il n’y avait pas de légumes à la cantine ce midi. » « On n’a jamais de fruits en dessert. » « On mange la même chose toutes les semaines. » Quand vos enfants vous parlent de la cantine, vous allez de surprise en surprise. Et bien sûr, il importe de ne pas tout prendre au pied de la lettre. Leur ressenti et leur perception de la diversité des repas peuvent être parfois biaisés ou incomplets.

    Tout d’abord, rassurez-vous ! Toutes les écoles se plient aux réglementations et assurent un équilibre nutritionnel à vos enfants. L’arrêté n°2011-1227 du 30 septembre 2011 encadre la composition des menus  :  

    « - quatre ou cinq plats proposés à chaque déjeuner dont nécessairement un plat principal, comprenant une garniture, et un produit laitier ;  
       - exigences minimales de variété des plats servis ;  
       - portions de tailles adaptées ;  
       - règles pour le service de l’eau, du pain, du sel et des sauces
    . »

    Les gestionnaires de restauration scolaire passent également au crible leurs menus pour respecter les recommandations du Plan National Nutrition Santé (PNNS) dont le fameux credo du “cinq fruits et légumes par jour ”. De quoi veiller à la qualité de l’alimentation de vos enfants et ainsi favoriser leur croissance, leur développement psychomoteur et leurs capacités d'apprentissage. Alors pourquoi cette différence flagrante entre les menus et les propos de vos enfants ?  

    Une histoire de perception

    plat de petits poisLes jeunes enfants peuvent avoir des difficultés à discerner ce qu’ils ont mangé. Pour leur plaire, les légumes peuvent être présentés en gratin, en lasagnes ou en tarte. Ils ne vont donc pas nécessairement identifier les courgettes ou les aubergines dans le plat en question. Idem pour les fruits qui seront par exemple présents en morceaux dans un fromage blanc. Et encore moins le laitage qui peut être ajouté dans le plat principal ou dans une salade en entrée. Un sujet d’autant plus prégnant, car avec l’inflation et la lutte contre le gaspillage alimentaire, de plus en plus de cantines scolaires proposent désormais le menu « cinq en quatre », c’est-à-dire quatre composantes « visibles » au lieu de cinq, mais l’équilibre est toujours respecté ! En effet, un des élément auparavant présenté seul, tel que le fromage ou les fruits, va être intégré dans un autre. Un enfant de maternelle ou même d'élémentaire ne va donc pas forcément discerner l’exhaustivité des ingrédients qu’il consomme.

    Éduquer à l'alimentation

    Et même s’il les identifie, l’enfant n’arrivera peut-être pas à mettre les mots sur ce qu’il a mangé pour le raconter à ses parents. À les écouter, les enfants de maternelle ou d'élémentaire mangent de la “viande”, et non pas “du poulet” ou du “veau”, des “légumes” et non pas du “brocoli” ou du “chou-fleur”. D’où l’importance de prévoir dans les cantines un étiquetage adapté selon les âges : le menu pour les collégiens et lycéens, mais des photos pour les élèves de maternelle et d'élémentaire. Par exemple, si du coleslaw est proposé en entrée, une image pédagogique de chou et de carotte pourra être affichée. Une manière de donner du sens à ce qu’ils trouvent dans leur assiette et de raccrocher les fruits et légumes à la nature.

    Vaincre la peur de goûter de nouveaux aliments

    Chez les plus petits, la néophobie alimentaire entre aussi en jeu. Entre deux et dix ans, 77 % des enfants ont peur d’expérimenter de nouvelles saveurs, et certains ne prennent même pas la peine de goûter l’ingrédient. Il est donc courant que les enfants préfèrent vous expliquer ce qu’ils ont mangé plutôt que de vous détailler ce qu’ils n’ont pas du tout envie d’essayer ! 

    Les légumes blancs et verts, en particulier, n’ont pas la côte. Pour faire évoluer leurs habitudes alimentaires et les amener à manger petit à petit de tout, les légumes sont proposés sous différentes formes : purée, gratin, râpé, etc. On évite les éléments mélangés tels que les ratatouilles ou les macédoines qui sont souvent rejetés en bloc en raison d’un des ingrédients de la recette qui ne leur inspire pas confiance. Enfin, on répète les recettes pour les amener à goûter et à développer leur maturité gustative.

    Rendre visible tous les plats proposés

    Autre constat : dans le feu de l’action, les enfants passent à côté de certains plats qui sont moins mis en avant. Ainsi, au self, pour garder les aliments au chaud, le bac de poissons ou de légumes peut être à moitié fermé et donc moins visible des enfants qui, par facilité, vont opter pour l’assiette déjà prête. L’équipe de cantine - qui veut bien faire et gagner du temps - va donc guider l’enfant vers le plat le plus plébiscité qui n’est probablement pas celui qui contient les brocolis ou les épinards. Les enfants vont alors assurer à leurs parents qu’il n’y avait pas de poisson ou de brocolis, contrairement à ce que leurs parents avaient pu lire dans le menu du jour. 

    Installer un climat favorable

    L’enfant a souvent du mal à raconter sa journée au moment où l’adulte lui pose des questions. D’autant plus que la cantine est un tourbillon d’informations qu’il peut avoir du mal à restituer. Pour bien manger, rien de tel qu’un environnement calme, serein et bienveillant. L’atmosphère, l’organisation, tout comme les animateurs, ont un impact certain sur l’alimentation des enfants. Or, les cantines sont encore trop souvent un concentré de brouhaha assourdissant : trois quarts des élèves considèrent être gênés par le bruit.  

    En clair, derrière l’interrogation “Qu’est-ce que tu as mangé à la cantine ?” se cache une foule de réalités précises et complexes ! 

     

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